jeudi 15 août 2013

MALI: De Capitaine à Général, Sanogo l'a réussi!

“Le Conseil des ministres a validé la nomination du capitaine Amadou Sanogo, au grade de général de corps d'armée, l'information est officielle",  déclare le porte-parole du ministère malien de la Défense. La nouvelle est tombée en fin de soirée ce jour 14 août 2013, prenant tout le monde au dépourvu, car personne visiblement ne s'attendait à cela. Un Capitaine qui devient Général?? non, jamais personne n'aurait accepté mise le moindre kopeck.
Et pourtant un simple Capitaine est devenu Général aujourd'hui en Afrique de l'Ouest, précisément au Mali. Eh oui! C'est arrivé, et malheureusement encore en Afrique au sud du Sahara. Après Jean Bedel Bokassa, simple roturier, devenu subitement Empereur Bokassa Ier, Mobutu devenu Maréchal cela faisait quand même longtemps qu'on a plus vu pareille ascension spectaculaire.
Le Capitaine Amadou Sanogo
Le 22 mars 2012 des militaires emmenés par la capitaine renversent le régime d'Amadou Toumani Touré, l'accusant d'"incompétence" dans la lutte contre des groupes islamistes et la rébellion touareg dans le Nord. On se rappelle que le Président Amadou Toumani Touré était à quelques mois de la fin de son second mandat et avait déjà annoncé son intention de quitter le pouvoir.  Dès lors le Coup perpétré par le Capitaine et ses hommes apparaissait véritablement comme inopportun et totalement stupide.
 La junte militaire lors de la prise du pouvoir le 22 mars 2012 à Bamako, le Capitaine Amadou Sanogo (devant les micros)
 Mais comme on le dit le mal était déjà fait, alors il fallait faire avec Sanogo, devenu l'homme fort de Kati et de Bamako. Mise devant les faits, la Communauté internationale n'avait plus le choix malgré leurs différentes condamnations, il n'y a plus rien à faire. Finalement On a pu contraindre l'homme fort de Kati à céder le fauteuil du Palais de Koulouba au Président de l'Assemblée Nationale, Dioncounda Traoré pour assurer l'intérim. Le Capitaine fini par accepter tout en tant gardant une dent contre celui pour qui il devait quitter le palais, en tout cas officiellement. Mécontent, et humilié, Sanogo et ses hommes ne feront rien pour empêcher des manifestants d'envahir le palais présidentiel et de passer à tabac le président par intérim, Dioncounda Traoré. Celui-ci est évacué en France pour y être soigner. 
Le Président malien par intérim, Dioncounda Traoré (à droite en écharpe) et le Capitaine Sanogo, fraîchement nommé président du Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité
A son retour, soit une semaine après, le Capitaine Sanogo, à qui la  Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a retiré le statut d'ancien chef d'Etat sera nommé à un poste stratégique bien juteux. En effet, le 8 août 2012, un décret signé par le président Dioncounda Traoré nomme le Capitaine Sanogo président du Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité. Par cette nomination, le chef de la junte qu'on croyait effacé refait surface. Il est plus ou moins aux commandes et maîtrise la situation son influence sur la scène politique est évidente, il contrôle la situation. 
Le directeur de publication du journal Le Républicain, Boukary Daou le saura à ses dépens. Pour avoir publié une lettre ouverte fustigeant le Capitaine Sanogo, écrite par des militaires maliens combattant au front du nord contre les djihadistes, Boukary Daou sera arrêté et jeté en prison. Son influence va également se faire sentir au niveau du Premier Ministère, où l’Astrophysicien, devenu Premier ministre, Cheick Modibo Diarra sera contraint à la démission. On apprendra que c'est pratiquement l'arme à la tempe qu'il va rédiger sa lettre de démission.

Aujourd'hui ce monsieur, le Capitaine Sanogo qui s'est assis confortablement à Bamako, laissant la libération du nord de son pays, le Mali, au soin des français et autres nationalités est promu Général de Corps d'armée. Je me pose une seule question, qu'a -t- il fait pour mériter une telle promotion?
On nous a toujours appris que dans n'importe quelle armée du monde, la discipline, l'ordre, le respect de la hiérarchie, le mérite et bien d'autres valeurs enviables étaient de mise et qu'on ne transigeait pas avec cela. Mais voilà, un Capitaine est devenu Général, comme ça, comme un claquement de doigt, comme dans un conte pour enfant.

Le Capitaine devenu Général de Corps d'Armée Amadou Sanogo
 Les africains se sont offusqués, quand ils se sont rendus compte qu'au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), les africains n'occupaient pas de postes clés. Mais entre nous, avec des armées où un capitaine devient général du jour au lendemain, comment peut-on faire confiance à de telles armées, et à leurs soldats pour leur confier des postes de responsabilité?

Avec cette nomination, c'est évident que le regard du monde, jadis un peu soupçonneux sur la qualité de la formation de nos soldats et du mérite de leurs grades, le sera encore plus et ce avec juste raison. Désormais il faudra chercher à savoir comment chaque militaire a obtenu ses gallons, et faire la part des  choses entre les Généraux ayant passé toutes les étapes et qui ont mérité leurs étoiles et les autres. Comme quoi "Général, c'est pas Général" 

S'il est aussi facile de quitter de Capitaine à Général, tout simplement parce qu'il suffit de faire un coup d’État, alors devenons tous des Capitaines et vive les Coups d’État pourvu que nous devenions tous des Généraux!





Sourire du jour

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