mercredi 28 août 2013

BURKINA FASO: Hommes et Femmes politiques burkinabé, Mdrrrr!



Des fois quand les gens ne sont pas de bonne humeur, un peu triste, ou pas dans leur assiette, comme on le dit, il existe, selon les connaisseurs, une variété d’astuces et  de trucs de grand-mère pour gérer ce genre de moments. C’est pourquoi certains préféreront regarder tel programme à la télévision, écouter telle autre émission à la radio. Il y en a qui voudront écouter un disque de musique pop, rock, reggae, ou zouglou ou encore du manding, c’est selon. D’autres par contre passeront un petit temps au bistrot du coin, échanger deux, trois mots avec la belle serveuse. Les fanas des QG ou grins vont s’y retrouver, qui pour boire du thé, qui pour jouer aux jeux de société (scrabble, damier, carte…) ou les deux en même temps. 

Pour ma part, quand je ne vais pas bien dans ma peau, il m’arrive de faire tout ce que je viens de citer plus haut ; aller au bistrot du coin, aller au QG (Quartier général) ou grin, ou encore dans un Fada (comme mes amis nigériens) du quartier pour faire une partie de scrabble, écouter de la bonne «zik» (reggae, zouglou engagé). Mais la plupart du temps, je préfère lire des articles de presse et d’autres médias, traitant de sujets politiques, particulièrement de la politique africaine et plus précisément de la politique africaine au sud du Sahara. J’ai toujours rêvé de faire un jour la politique, bien sûr, la politique au sens étymologique du terme, je précise. La politique dont je parle ici porte plus précisément, sur la politique, au sens de Politeia, qui renvoie à la constitution et concerne donc la structure et le fonctionnement (méthodique, théorique et pratique) d'une communauté, d'une société, d'un groupe social. La politique portant sur les actions, l’équilibre, le développement interne ou externe de cette société, ses rapports internes et ses rapports à d'autres ensembles. La politique qui est donc principalement ce qui a trait au collectif, à une somme d'individualités et/ou de multiplicités. 
Burkina Faso ou la Patrie des Hommes intègres


Mais vous conviendrez avec moi, que ce qui nous est donné de voir sous nos cieux en Afrique subsaharienne en matière de politique est très loin de la politique vue sous l’angle que je viens de décliner. Si bien que nous sommes arrivés à trouver des dérivés à cette façon particulière que nous, les noirs, avons de faire de la politique. «La politique du ventre, du tube digestif, des postes ministériels ou des sièges de députés ou de sénateurs et autres », telles sont les différentes façons dont nous résumons la politique. C’est pourquoi il n’est pas rare de voir les partis politiques poussés comme des champignons sur nos scènes politiques. Chacun crée son petit parti «Partillon» dès qu’il sent que le vent politique qui souffle peut être porteur de bonheur pour lui, sa famille, son clan et sa bande d'amis. Soit il y a une échéance électorale en vue et donc des subventions de l’État à se partager, ou bien on se dit qu’après les échéances électorales, il peut y avoir un hypothétique remaniement gouvernemental et par conséquent des postes ministériels à se distribuer « surtout quand il s’agit de gouvernement d’union nationale, de gouvernement d’ouverture ou de large rassemblement dont seul le Burkina Faso en a le secret ».
C'est ça qui compte le plus chez certains de nos hommes et femmes politiques

Chacun crée sa chapelle politique avec une poignée d’amis, disons des personnes acquises toujours promptes à agir dans tel ou tel sens juste pour se voir gratifier d’un bon d’essence ou d’un billet de mille. Une fois la chapelle mise en place, le ou la propriétaire du parti, qu’on appelle Président ou Présidente, jauge l’ambiance politique du moment, si le vent est favorable au pouvoir en place, il ou elle conduit son parti vers le parti au pouvoir et se constitue «Parti de la mouvance présidentielle». L’exemple le plus atypique dans notre pays, est le cas de l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) de Me Gilbert Noël Ouédraogo aux élections présidentielles de 2005. En 2005, ce parti que tout le monde pensait être de l’opposition a créé la surprise en allant s’affilier avec le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) pour faire réélire Blaise Compaoré et en retour Me Gilbert Ouédraogo et ses proches ont eu quelques postes ministériels, des strapontins et aussi des mallettes de billets de banque, naturellement. Dans cette logique, c’était tout à fait logique que l’ADF/RDA joue encore son rôle de collabo aux présidentielles de 2010 moyennant encore quelques postes ministériels, pour loyauté et service rendu. Cette polka, disons ce comportement de chauve-souris politique mi opposant, mi «mouvancier» de l’ADF/RDA finira par discréditer le parti auprès de tous ceux qui voyaient en Me Gilbert Ouédraogo une alternative. Finalement aujourd’hui, c’est avec regret que nous regardons tous l’ADF/RDA, que certains appellent à tort ou à raison « grand parti » faire profil bas quand l’opposition politique et le peuple se mobilisent contre son allié d’hier. Les dirigeants de ce parti, rasent les murs de nos jours en attendant que la mémoire collective oublie leur collaboration éhontée et publique avec notre adversaire de depuis le 15 octobre 1987, le pouvoir de la Ive République.  Mais je doute que le PEUPLE oublie cela facilement, parce qu’en réalité le peuple se souviendra toujours de ce que chacun et chacune aura eu à un moment donné, comme comportement. Ceux qui ont collaboré seront toujours vus et traités comme de vulgaires collabos, et ceux qui ont toujours été aux côtés du peuple laborieux, même quand c’était difficile, seront aussi vus comme les vrais défenseurs du peuple. 
Modification de l'article 37? Mise en place du Sénat? Candidature de Blaise Compaoré en 2015? Augmentation des salaires?  Après Blaise Compaoré? etc etc. Ce sont là les préoccupations majeures des burkinabé.
L’histoire ne prête jamais confusion ! A ce cas pathétique et malheureux de l’ADF/RDA, il faut ajouter les « comeback » qu’on a pu observer après le coup de pied du CDP dans le derrière de l’ADF/RDA et Me Gilbert Ouédraogo autour du gâteau gouvernemental après les élections couplées législatives/municipales de 2012. On a enregistré le retour malheureux et éhonté de l’UNDD de Me Hermann Yameogo et du machin du Dr Alain Zoubga, L’Autre Burkina-psr. On n’oublie pas non plus Abel Toussaint Coulibaly et son UPR qui préfère continuer l’aventure avec le grand ogre CDP.
Je disais que quand je suis un peu triste, je revisite notre environnement politique, je scrute les faits et gestes de nos acteurs politiques. Je vous assure que c’est très marrant et très efficace contre le coup de cafard. Car quand vous les suivez, à un moment donné vous éclatez de rire et vous vous dites mais « de qui se moquent-ils à la fin ? ».
Parce que vous verrez aussi que ceux et celles qui ont été éjectés (es), disons chassés (es) du grand navire du pouvoir en place, chercheront vaille que vaille à se faire un peu de place chez l’opposition. Opposition, que il ou elle n’a pas manqué de vilipender et de traiter de tous les noms d’oiseaux, à la télé, à la radio et sur les places publiques quand il ou elle se trouvait de l’autre côté. Il ou elle va créer ou du moins va échafauder un parti, qu’on baptisera avec les terminologies à la mode auprès des jeunes, à savoir : « changement, alternance, autrement, dégage, renouveau, plus comme avant, renaissance, révolution etc.». Et c’est parti ! On est de l’opposition parce qu’on s’oppose à ses anciennes et anciens camarades politiques. C'est trop facile! On entendra clamer et claironner sur tous les toits et dans tous les marchés qu’il faut que ça change. Il ou elle se verra investi (e) d’une mission salvatrice, « il faut sauver le peuple burkinabé » ainsi les grandes phrases  de Thomas Sankara, héros de la génération consciente, seront répétées à tout va. Afin de prouver leur sincérité aux jeunes, frange de la population la plus importante, nos nouveaux et nouvelles opposants et opposantes n’hésiteront pas à utiliser l’effigie des grands hommes : Martin Luther King, Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Che Guevara etc.
       Désormais le PEUPLE ne se laissera plus faire! La Jeunesse Consciente n'entend plus jouer les seconds rôles!        "La Patrie ou la Mort Nous Vaincrons!". "Fatherland or death we shall overcome!" "Pátria ou morte, venceremos!"
Quand je regarde tout cela, je vous assure que je suis mort de rire, (Mdrrrr!!! en mode facebook). Aucune conviction chez la plupart de nos hommes et femmes politiques. On dirait une scène de théâtre, je les vois comme des comédiens jouant chacun et chacune un rôle, juste pour atteindre leur objectif, c’est-à-dire profiter aussi des richesses de l’Etat au détriment du peuple laborieux. De tout temps, c’est la jeunesse qui est prise comme prétexte : « Y a pas d’emplois pour les jeunes, les universités font pitié ! Y a du détournement par ci, de la corruption par-là ! » Tout cela pour se faire porter par les jeunes. Tout cela comme si c’était des phénomènes et des maux nouveaux, comme si c’est maintenant qu’ils ou elles parce que n'étant plus les bienvenues à la table du chef, qu’ils ou elles ont des yeux pour bien voir la misère du peuple.

Je suis mort de rire, Mdrrrrrrr ! de la politique en  Afrique Noire, surtout.


Je terminerais mon propos avec ces belles phrases d’un artiste que j’aime bien :
« La politique en Africa, c’est du blagué tuer hééé ! »  Tiken Jah Fakoly.



 Sourire du jour



 






mardi 27 août 2013

BURKINA FASO: Blaise Compaoré ou le Parrain de la sous-région (Suite et fin)


Comme je le disais dans la précédente publication "Blaise Compaoré ou le Parrain de la sous-région (1), ce qui suit est la suite de l'article du Dr Serge Nicolas Nzi, intitulé "Compaoré ou le tueur froid de Ouagadougou" mis en ligne sur le site connectionivoirienne.net. J'ai décidé de reprendre cet article dans son intégralité, mais en deux (2) phases. Dans la première partie, j'ai évoqué deux (2) aspects: Le Portrait pour connaître l'homme Compaoré (I), De la doctrine Compaoré, parlons-en (II). Dans cette seconde partie, la dernière, il est question des points comme: Les Relations avec les voisins du Burkina Faso (III), Les Ambitions de Compaoré (IV) et une Conclusion Générale (V) savamment tirée par le Dr Nzi, a qui je voudrais dire merci. Merci pour l'analyse très profonde de la situation politique, disons la Realpolitik, de la sous-région, pour, en somme, cet article assez instructif, en tout cas pour moi, en tant que jeune burkinabé en particulier et ouest-africain en général.

NB: Je précise qu'en dehors des photos d'illustration, le sourire du jour et des légendes, tout le reste est du Dr Serge Nicolas Nzi. Article mis en ligne sur le site www.connectionivoirienne.net le 25 juillet, 2013 à 21:00


 "Compaoré ou le tueur froid de Ouagadougou
 
III – Relations avec les voisins du Burkina Faso
Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire constituaient une même colonie jusqu’en 1947. Ce pays dépend de la Côte d’Ivoire pour son ouverture sur la mer ainsi que pour ses importations et exportations. C’est suite à l’arrogance, la désinvolture d’Henri Konan Bédié, et de son ministre de l’intérieur le Colonel Emile Constant Bombet, après la chasse aux burkinabés résidant dans le sud- Ouest de la Côte d’ Ivoire, que le tueur froid de Ouagadougou avait décidé de soutenir un changement de régime chez son voisin. Fort heureusement il a trouvé en Côte d’ivoire une classe politique versatile pour l’aider à atteindre ce but. C’est ainsi que les mécanismes de l’instabilité et du changement se sont durablement installés en Côte d’Ivoire. 
 
Blaise Compaoré en gardien du pré-carré français dans la sous-région
Un changement qui sécurise le Burkina Faso. Un changement de régime pour mettre un homme favorable au Burkina Faso à la tête de la Côte d’Ivoire. La suite de l’histoire, nous la connaissons ce fut le putsch du 24 décembre 1999 qui plongea la Côte d’Ivoire dans une l’instabilité politique chronique. Compaoré nourrit un profond mépris pour l’ancien président ivoirien Henri Konan Bédié, le père de l’ivoirité, qu’il considère comme un paresseux, un petit jouisseur et un parvenu. Ayant collaboré avec Félix Houphouët-Boigny, sur plusieurs dossiers sous régionaux il se considère aussi comme l’un des héritiers de la sous-traitance politique de la France dans cette partie de l’Afrique. Il n’aime pas les orateurs pétris de dialectique. Compaoré, parle peu et agit, il est le contraire de Thomas Sankara ou de Gbagbo Laurent. Il se méfiait justement de Gbagbo, de sa roublardise, de ses voltes face et surtout du nationalisme, de la refondation patriotique, indépendantiste et souverainiste qu’il représente. Il est convaincu que la Côte d’Ivoire dirigée par Alassane Ouattara aidera mieux le Burkina Faso et résoudra surtout le problème de la nationalité des Burkinabés qui désirent s’installer en Côte d’Ivoire et avoir des droits de citoyen dans ce pays qu’ils ont contribué à bâtir. Avec le Mali, Compaoré, qui est militaire et connaît la nature exacte des rapports de force, respecte le discret voisin malien, il sait ce que la guerre de La bande d’Agacher de décembre 1974 et celle de décembre 1985, avaient coûté au Burkina Faso. Ce sont des signes qui ne trompent pas. Il ne peut que coopérer loyalement avec ce pays. Avec le Togo, qui est un partenaire économique il souhaite que ce voisin soit stable car toute dégradation de la situation politique, économique, militaire et institutionnelle dans ce pays aura des conséquences néfastes et incalculables sur ce pays enclavé qu’est le Burkina Faso. 
Compaoré en super médiateur dans la crise malienne recevant les représentants d'un des mouvements islamistes
Compaoré (à droite) recevant une distinction des mains du Président par intérim du Mali.

C’est dans cet esprit qu’il offre sa médiation aux protagonistes de la crise togolaise. Le Burkina Faso n’a pas de frontière commune avec le Sénégal, la tradition démocratique de ce pays stable depuis son indépendance et la méfiance naturelle des sénégalais envers tous ceux qui tuent pour exister, font que Compaoré, a des rapports de simple courtoisie avec la classe politique Sénégalaise. Mais s’il a l’occasion, il n’hésitera pas à jouer le faiseur de roi dans ce pays. Avec le Niger voisin il a des liens d’amitiés et de complémentarités économiques. Il est attentif à ce pays frère et cherche à influer sur sa vie politique dans le cadre de rapports de bon voisinage. Le Ghana reste pour Blaise Compaoré, un pays avec lequel il coopère en bonne intelligence, il sait que les ghanéens le connaissent et haïssent ses méthodes. Le Ghana n’est pas la Côte d’Ivoire. Il n’y aura jamais un cheval de Troie ou un ministre d’origine burkinabé dans le gouvernement du Ghana. C’est un pays qui n’hésitera pas à fermer ses frontières avec le Burkina Faso s’il découvre une seule arme dans un véhicule Burkinabé entrant au Ghana. C’est un pays qui a sa propre Banque centrale, sa propre monnaie et se tient loin des compromissions qui conduisent à la faillite nationale. Le Ghana n’appartient pas non plus au pré carré de la françafrique. L’influence de la France sur ce pays est nulle. Compaoré, se trouve obligé de respecter et de composer avec ce voisin dans une posture de respect mutuel, comparable aux relations franco-allemandes.

Compaoré ou l'autre visage de la fameuse et tentaculaire FrançAfrique
IV – Les Ambitions de Compaoré
Proche des loges et réseaux maçonniques il est très attaché à la droite Française, il pense que l’Europe en construction doit être un recours, si non une soupape de sûreté pour l’immense Afrique qui se trouve près d’elle dans une sorte d’alliance de progrès durable. Cette ambitieuse politique internationale se propose d’abord de transformer le Burkina Faso d’enjeu en acteur et d’en faire ainsi une grande puissance régionale. Jusqu’en 1987 date de l’accession au pouvoir de Blaise Compaoré à la présidence du pays des hommes intègres, la sous-région Ouest africaine oscillait entre trois pôles d’attractions Le Nigeria, Le Sénégal et la Côte d’Ivoire. L’ancienne Haute Volta se bornait à faire pencher la Balance du Côté de la Côte d’Ivoire et de son chef, l’ancien président Du Rassemblement démocratique africain Félix Houphouët-Boigny. Une fois la Côte d’Ivoire isolée grâce à l’irresponsabilité et à l’inconscience de sa classe politique, le Sénégal relégué au second rang, le Burkina Faso n’a jamais connu autant d’influence et de stabilité que sous celui que ses courtisans appelle le beau Blaise Compaoré, le tueur froid de Ouagadougou. Mais le revers de la médaille est que le Burkina Faso, est un pays qui vit dans un Etat de siège invisible à l’œil nu. Une armée acquise à sa cause et mobilisable pour ses basses politiques, lui a permis de se maintenir aussi longtemps de 1987 à 2013 (Ndlr) soit près d’un quart de siècle avec un dessein de cette ampleur, nous constatons ici qu’une grande politique de cette nature pour un petit pays ne va pas sans excès. Compaoré se montre impitoyable à l’intérieur. 
"Les premiers le traitent d’usurpateur et de combinard. Les seconds voient en lui un assassin, un traitre de la révolution et au socialisme africain. "
Les apparences d’un certain libéralisme économique ne cachent pas sa capacité à sévir si on s’avance trop près de ses intérêts politiques et mercantiles. Son régime est combattu de l’intérieur sur sa droite et sur sa Gauche. Les premiers le traitent d’usurpateur et de combinard. Les seconds voient en lui un assassin, un traitre de la révolution et au socialisme africain. Il se réserve la carte du nationalisme et du radicalisme face aux ennemis intérieurs et extérieurs en disant pendant la dernière campagne électorale que les droits des Burkinabés vivants en Côte d’Ivoire seront respectés quoi qu’il advienne. Le nouveau président Ivoirien Alassane Ouattara avait déclaré lors de son récent passage à Ouagadougou, que chaque Burkinabé qui arrive en Côte d’Ivoire est chez lui. Il connaît sans doute mal Blaise Compaoré. Il aura du mal à déployer la police, la douane et la gendarmerie ivoirienne aux frontières avec le Burkina. Car le parrain, Blaise Compaoré, veut continuer à exporter du Cacao, du café du diamant, du bois et du coton de Côte d’Ivoire. S’il s’amuse à refuser un tel marchandage qu’il sache à l’avance que le tueur froid de Ouagadougou a toujours deux ou trois fers au feu. Compaoré, sait qu’en Côte d’Ivoire les alliances se font et se défont tous les matins, les ivoiritaires d’hier n’embrassent-ils pas les Allassanistes sur la bouche aujourd’hui et ne dînent-ils pas à la même table que leurs pires ennemis d’hier ? Baisse la tête et adore ce que tu brûlais hier, disait Clotilde, à Clovis le roi de France converti au christianisme. N’est-ce pas dans ce Burkina Faso qu’ils méprisaient que les politicards ivoiriens après toute honte bue, sont allés quémander goulûment comme des bébés, l’arbitrage du beau Blaise pour régler leurs querelles de clocher qu’ils étaient incapables de résoudre chez eux ? C’est dans ce registre de continuité dans la durée que Compaoré va tripatouiller la constitution et se présenter pour la énième fois aux élections. Les divisions de ses opposants et la fragilité économique du pays, le soutien de la France et des autres chefs d’Etats africains qui lui sont redevables l’aideront à se succéder à lui-même avec un score à la soviétique pour le bonheur d’un Burkina Faso qui compte sur l’échiquier régional.

V – Postulat de Conclusion Générale


Les sociétés humaines évoluent par contradiction. Faut-il rappeler que les animaux évoluent par instinct. Tuer la contradiction dans une société humaine et vous feriez le constat 50 ans après que le même peuple est toujours dans la crasse, la pauvreté, la maladie, dans des tueries sanglantes, des détournements de fonds publics, des meurtres et des génocides. Des pays où il n’y a pas de l’eau potable, des pays où l’espoir ne pousse plus car il n’y a aucune contradiction pour animer et susciter la quête d’un horizon meilleur. 


"L’image de Thomas Sankara, prenant plusieurs balles de Kalachnikovs dans le ventre, alors qu’il n’était même pas armé, son agonie dans la poussière sans le moindre secours, pendant de longues minutes sous les yeux de ceux qui hier encore mangeaient à la même table que lui, reste pour tous les africains un crime crapuleux impardonnable."

C’est ainsi que la médiocrité a durablement triomphé chez nous pour occuper une place de choix dans notre rapport avec la chose publique. L’asservissement et l’avilissement des hommes et des femmes ont favorisé la promotion de la médiocrité que nous avons eu comme compagnon de route depuis l’indépendance jusqu’à ce jour. Pourquoi s’étonner dans ces circonstances du délabrement de l’ensemble des pays africains de l’espace francophone et surtout de notre amertume de fils de peuples désespérés. Nous avons toujours pensé qu’une vie de crimes se paie au prix fort ici-bas. C’est pourquoi nous n’étions pas contre la personne du dictateur camerounais Amadou Ahidjo, dans cette logique nous savions à l’avance que le Zaïrois Mobutu, courait à sa propre perte avec ses certitudes et ses airs de maréchal d’opérette. Nous rappelons à Blaise Compaoré, que nous ne sommes pas de ceux qui convoitent son fauteuil. Celui qui écrit ces lignes n’est même pas Burkinabé. Nous sommes simplement aujourd’hui dans une époque où le meurtre gratuit comme forme de gouvernance a montré ses limites en nous laissant des souvenirs douloureux qui hantent encore nos nuits. L’image de Thomas Sankara, prenant plusieurs balles de Kalachnikovs dans le ventre, alors qu’il n’était même pas armé, son agonie dans la poussière sans le moindre secours, pendant de longues minutes sous les yeux de ceux qui hier encore mangeaient à la même table que lui, reste pour tous les africains un crime crapuleux impardonnable. Nous n’avons aucun conseille ni supplication à adresser au beau Blaise Compaoré. Nous lui offrons simplement en cadeau, la cassette vidéo du dernier jour de vie de Samuel Doe. Ce 9 septembre 1990, L’homme qui avait fait exécuter sans pitié, le 12 avril 1980 le président William Tolbert, et les membres de son gouvernement dans Monrovia en folie. Samuel Doe, était assis par terre en petite tenue, pleurant toutes les larmes de son corps. Ses oreilles et les doigts coupés, pitoyable, il chialait, implorait et suppliait son bourreau et maître du jour, Prince Yormi Johnson, d’avoir pitié de lui. Cette pitié et cette humanité qu’il n’avait pas eu en son temps pour les autres. Le corps de Samuel Doe, fut exposé nu dans les rues de Monrovia avant d’être dépecé comme un sanglier et brûlé. Nous n’ajoutons aucun commentaire sur ces faits connus de nous tous. Dans le présent, la sous-région Ouest Africaine, a besoin de paix, de stabilité de complémentarité des économies, de conjugaison des synergies, pour créer des infrastructures routières communes, pour organiser notre propre activité de production, partager les ressources énergétiques, créer une monnaie capable d’assurer notre indépendance économique, former notre jeunesse afin de lui donner les armes pour relever les défis du futur et non des armes pour tuer.
 
Françafrique, mythe ou réalité? Mystère et boule de gomme!
Réorienter notre agriculture afin de satisfaire nos besoins en nourriture au lieu d’aller pleurnicher sur nos problèmes à Paris, à Londres ou en Chine. Soigner nos populations contre les épidémies et autres pandémies. Bref rendre la vie et la dignité possible chez nous aussi. Telles sont les équations urgentes qui méritent l’attention de tous ceux qui veulent que la vie politique sous nos cieux soit au service du progrès social et démocratique, du bonheur et du bien-être de cette sous-région en souffrance qu’est l’Afrique de l’Ouest. Telles sont aussi les observations critiques que nous formulons à l’endroit du beau Blaise Compaoré, pour que le pouvoir ne soit plus une machine à tuer et s’humanise au Burkina Faso afin de présenter le visage d’un service au bénéfice des habitants de la patrie de hommes intègres.

Cette vieille chanson paysanne des montagnes du Venezuela résume mieux encore notre propos.
"Se puede matar el hombre Pero no mastaran la forma En que se alegraba su alma Cuando sonaba ser libre"
"Ils peuvent tuer l’homme, mais ils ne peuvent tuer la façon dont son âme se réjouit lorsqu’elle rêve d’être libre"
C’est cette espérance sincère que nous avons voulu partager avec tous ceux qui comme nous refusent le meurtre comme forme de gouvernance dans la vie politique africaine. Merci de votre aimable attention.
"

Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en Communication
Lugano ( Suisse)
Mail : nzinicolas@yahoo.fr
Source: www.connectionivoirienne.net
 Sourire du jour